Parcs du Nord & Ngorongoro
L'aire de conservation du Ngorongoro et les parcs nationaux du Serengeti, de Manyara et du Tarangire sont universellement connus et célébrés. À ce tiercé à quatre (...) gagnants, on devrait ajouter le trop peu reconnu Arusha National Park. Les parcs nationaux de Gombe (celui de Jane Goodall et de ses copains chimpanzés), de Rubondo Island (sur le lac Victoria) et de Mkomazi (récent, 2006) sont moins connus. Mkomazi est même quasiment désert d'un bout de l'année à l'autre ,alors que Rubondo Island reçoit autant sinon plus de pêcheurs que de "safaristes". Enfin, le Kilimanjaro National Park est surtout réservé aux sportifs amateurs de montagne.
Un nouveau parc national Saanane Island National Park avait été ouvert en 2013, sur une petite île du lac Victoria près de Mwanza, avec essentiellement les animaux d'un ancien parc zoologique créé en 1964. L'île avait été "promue" Game Reserve en 1991. Des herbivores y ont été introduits depuis 2006 par TANAPA. Je dois avouer que je ne comprends pas trop ce que ce minuscule (2,8 km2) territoire ajoute au parc de parcs existant déjà... S'y sont ajoutés en 2019 les parcs nationaux de Burigi-Chato, Rumanyika-Karagwe et Ibanda-Kyerwa près du lac Victoria. Leur création a suscité des interrogations, notamment sur les moyens pour les équiper et les surveiller qu'aura TANAPA, l'organisation gouvernementale en charge des parcs nationaux. Jursqu'à present (2019) seuls trois parcs nationaux seraient bénéficiaires : le Serengeti NP, le Tarangire NP et le Kilimanjaro NP.
Parcs tanzaniens du Nord, carte TANAPA
Ngorongoro
Le diamant, l'émeraude de la Tanzanie.
Le cratère du Ngorongoro est entouré d'une aire de conservation dans laquelle les activités pastorales et les habitations des Masai sont autorisées. Cette aire comporte d'autres cratères et au nord-ouest, elle est la parfaite continuation du Serengeti. Les Masai ont conservé un droit de pacage pour leurs troupeaux dans la journée. On entend donc le matin, de l'hôtel Serena, les bêtes descendre au son de leurs sonnailles, ce qui ferait très suisse si elles n'étaient accompagnées des sifflements et des chants des petits pâtres masai. On a comparé le Ngorongoro à un gigantesque parc animalier, ce qui est très injuste. La densité animale et la variété des espèces sont en effet supérieures à celle de n'importe quel parc, zoo ou assimilé. C'est le jardin d'Eden, un paradis animalier où l'on espère que le serpent tentateur échouera. La densité automobile peut y être assez dérangeante, mais, sur les 270 km², il reste toujours des coins négligés de la foule (relative). Ce ne sont pas forcément les moins intéressants, nous avons vu dans un total isolement cinq guépards batifoler longuement, un chacal se faire courser par une gazelle de Grant, un autre se taper une oie (pas blanche), un serval roder autour de grues ou en tout petit comité une bande de hyènes se goinfrer un gnou. On ne trouve pas dans le cratère de crocodiles, de girafes ou d'éléphants femelles ou non adultes. On peut y voir en toutes saisons des vastes troupeaux de gnous et de zèbres qui y sont sédentarisés, des élands.
Serengeti
Le Serengeti, le plus vaste des parcs nationaux tanzaniens, peut être divisé en plusieurs régions avec leurs particularités, le sud (Kusini), en jonction avec l'aire de conservation du Ngorongoro, le centre avec la rivière Seronera, l'ouest avec le corridor occidental qui conduit au lac Victoria, le nord avec la région de Lobo, dont le prolongement kenyan est le parc de Masai Mara. Le Serengeti est le territoire parcouru par la grande migration des gnous (et de leurs compères zèbres) en janvier, février. Le Serengeti est un des meilleurs endroits pour voir les trois grands félins prédateurs, lion, guépard et léopard. On y trouve aussi des rhinocéros (dans le Moro Kopjies, encore fermé au tourisme), des hippopotames, crocodiles, girafes, éléphants, et toutes les antilopes possibles.
Le Serengeti est une étendue plate, les reliefs sont essentiellement constitués par des gros blocs rocheux, les kopjies, à ne pas négliger car ils servent souvent de base aux lions. Les guépards préfèrent se percher à l'affût sur les termitières. Enfin les léopards se trouvent dans les arbres, à proximité des rivières, généralement un seul individu, parfois deux. Ils squattent les branches horizontales, qui leur servent également de garde-manger : ils arrivent à monter leur proie, antilope ou même buffle pas trop lourd (pas un papy) à plusieurs mètres de hauteur. Les points d'eau sont rares, ils n'en sont que plus fréquentés, rivières, mares temporaires et même flaques attirent tout ce qui vit et qui boit, même au risque de leur vie : crocodiles ou carnivores terrestres. La trêve autour des points d'eau en période de grande sécheresse n'est peut-être pas une légende, mais elle est très relative, les hostilités peuvent être déclenchées sans préavis.
Ndutu, administrativement placé dans l'aire de conservation du Ngorongoro est une partie intégrante du Serengeti. Le lodge au confort rustique (bungalows récemment améliorés) dégage un charme unique avec sa salle à manger ouverte sur la savane. Il n'est pas rare de voir des girafes, des éléphants passer à moins de 200 m des dîneurs. Le lodge a pour emblème la genette, une famille de ces sympathiques viverridés est installée à demeure dans la toiture du lodge et se fait nourrir 3 fois par jour, ces genettes se laissent photographier avec complaisance. L'eau pour les ablutions est très sodée, elle se rince très difficilement, prévoir une bouteille d'eau de source pour se rincer les cheveux ! Le groupe électrogène ne fonctionne que quelques heures dans la journée, prévoir des adaptateurs et une barrette multiple pour la recharge des différents ustensiles numériques, batteries, videurs de cartes, accus… Ndutu est l'endroit rêvé pour observer la grande migration en janvier février. On peut voir près de Ndutu des concentrations de zèbres et de gnous impressionnantes, les deux lacs Masek et Ndutu accueillent des nuées de flamants, des petits échassiers, les abords de la rivière sont fréquentés par les rapaces, par les lions. Les otocyons ont leurs terriers dans les rives. Girafes et éléphants font partie des habitués, comme dik-dik et impalas à qui les zones de savane arbustive procurent le biotope idéal du phyllophage (mangeur de feuille).
Kusini (ça veut dire sud), au sud-ouest, offre un seul hébergement, le Kusini Camp, camp de luxe situé sur un kopje, cette partie du Serengeti, moins fréquentée, est ouverte au hors-piste, comme certains secteurs de Ndutu, la faune est comparable à celle de Ndutu, oiseaux d'eau en moins (mais il y a quand même force vanneaux et sternes).
La partie centrale du Serengeti est la plus connue, la Seronera, celle où des encombrements peuvent se produire, un seul léopard peut drainer, CB aidant, une bonne dizaine de véhicules en peu de temps. Cependant, on n'est jamais en situation de surpopulation touristique. Les arbres du bord de la Seronera sont de bons repères à léopard, les nombreux kopjes offrent leurs bons lots de lions, enfin les étangs portent des noms évocateurs comme Hippo Pool. Les hébergements sont nombreux, le Serena Seronera Lodge, très agréable, est un peu excentré, le Wildlife est décrépit mais bien situé, le Sopa, à la situation intermédiaire, a une architecture dérangeante.
Le Lobo au nord-ouest est bien moins couru en dehors des périodes estivales de migration, à tort car ses paysages sont magnifiques, et la densité animale n'a rien à envier au centre du Serengeti. Le seul lodge est le Wildlife, au service relâché, le manager à notre dernier séjour ne nous a pas adressé la parole et est resté scotché devant les matches de foot qui passent non-stop sur une chaîne sud-africaine. Nous étions pourtant les seuls clients ! Nous avons partagé avec les damans un déjeuner juste passable. Mais le cadre est absolument fantastique, la vue de la piscine sur la plaine 100 m en contrebas est unique, on peut pour cela passer sur beaucoup de choses. Au nord du Lobo, à Keekorok Gate, la frontière avec le Kenya (Masai Mara).est fermée, il est question de la rouvrir, les autorités kenyanes sont très demanderesses mais la partie tanzanienne est plus réservée et exprime des craintes qui nous paraissent infondées.
Manyara
Manyara présente l'avantage d'être près d'Arusha, comme sa superficie est relativement réduite, on peut n'y passer qu'une demi-journée, même si on trouve de quoi y passer des jours entiers. La faune zoziotesque y est particulièrement intéressante, avec calaos de toutes espèces, martins, guêpiers. On y trouve de forts beaux grands arbres, acajous, ficus, baobabs « classiques » à tronc large et épais ou beaucoup plus élancés (un peu dans le style des baobabs malgaches). Ce parc est connu pour ses lions perchés dans les acacias et pour ses nombreux éléphants. Un large lac en occupe une grande partie qui permet d'observer toute la faune limicole, du flamant au pélican en passant par les vanneaux, bécasseaux, avocettes, échasses et autres.
Tarangire
Le Tarangire est un parc assez peu fréquenté en janvier, février. Il est surtout visité en été (notre été, en fait l'hiver austral), quand la sécheresse y concentre de grandes populations animales de gnous, zèbres et de leurs prédateurs, mais en quatre safaris hivernaux, en janvier ou février, nous n'avons jamais été déçus par lui. Il est également richement pourvu en éléphants rouges (du fait de la poussière) et en baobabs au tronc plus ou moins abîmés par les susdits pachydermes. Les paysages y sont splendides, très vallonnés. La rivière Tarangire qui le traverse et que la piste traverse et retraverse offre des rencontres à chaque bras ou pont : cobs des roseaux, jabirus, Monsieur à l'œil brun et au bec adorné de pendeloques, Madame à l'œil jaune d'or, tsé-tsé, babouins, hérons goliath, lions, martins-pêcheurs, otocyons, vervets, damans, écureuils, varans, girafes, aigles, pythons, tsé-tsé, etc. On peut aussi y voir des élands, des koudous. Et des tsé-tsé. On y trouve des cobs à croissant et des tsé-tsé accroissant les allergies de ma blonde (ça s'améliore avec le temps...).
Carte des parcs du nord de la Tanzanie, circuit classique. Cliquer sur l'image pour l'agrandir
Un exemple de safari envisageable :
Voici un canevas envisageable pour 8 à 10 nuits sur place, dont 5 dans le Serengeti. À modifier, améliorer, peaufiner avec votre voyagiste !
Arrivée en Tanzanie à Arusha (KIA, Kilimanjaro International Airport) en fin de journée (vols de jour à partir d'Amsterdam sur KLM). Nuit sur place. On considère qu'il n'est pas prudent de rouler de nuit en Tanzanie, pour des raisons de sécurité routière principalement. Les accidents sont plus nombreux/graves la nuit, avec des véhicules non éclairés, des animaux divaguant.
Le premier jour, on peut faire la visite du parc national d'Arusha, montagneux, avec belle vue sur le Meru (et le Kili est parfois visible) ou de Manyara NP avec ses oiseaux peu ordinaires et ses lions perchés. 1 nuit sur place
Ngorongoro 1 nuit (le cratère est controversé, mais, à mon avis, c'est une étape quasi obligatoire. Choisir de descendre le plus tôt possible le matin, d'où nécessité de passer la nuit d'avant sur place)
Ndutu (territoire de conservation) : 1 ou 2 nuits, un must en hiver, au début de la grande migration, prévoir alors plutôt deux nuits. Situé à la limite administrative entre Ngorongoro Conservation Area et Serengeti National Park,faisant pleinement partie de l'écosystème du Serengeti, c'est à réserver bien à l'avance pour janvier-février, et c'est une étape qui ne décevra pas le reste de l'année
Seronera (Serengeti) 1 nuit on est au coeur du Serengeti, sur la rivière, excellent endroit pour voir léopards et autres guépards...
Lobo 1 ou 2 nuits, un must en été, pendant la grande migration, prévoir alors plutôt deux nuits,
Tarangire 2 nuits, un parc qui ne ressemble à aucun autre, sinon à Ruaha dans le sud, incontournable en été, et à mon avis en hiver aussi même si les T.O. ne le conseillent pas autant en cette saison
Retour à Arusha l'après-midi, départ pour l'Europe le soir de KIA Kilimanjaro International AIrport, à un peu moins d'une heure trente d'Arusha (52 km).
On peut "shunter" Arusha NP ou Manyara NP, mais ce serait dommage si l'on veut sortir des sentiers (pistes) battu(e)s et si l'on s'intéresse à autre chose qu'au strict "big five".