Photo en safari
Ceci n'est pas un cours de photographie. Je n'en ai pas les compétences et capacités. Et il existe d'excellents livres, sites ou stages pour cela. Il n'est pas plus question de donner la recette pour faire de bonnes photos, d'ailleurs, si elle existait et si je la connaissais, je serais ravi de l'appliquer. Je n'ai pas compétence à vous asséner les règles intangibles de la bonne photo de safari. Je n'en connais pas. Juste quelques conseils (qui n'engagent que ceux qui les suivent, s'pas ?)
Mais je pense que le meilleur moyen de progresser est de faire des photos, beaucoup de photos, et de regarder les photos des copains d'un oeil critique pour regarder ce qui ne va pas (nos galeries photos sont spécialement adaptées à cet exercice ) ou d'un œil admiratif pour s'inspirer du meilleur (les sites de pros, Denis-Huot, Crocetta, ou d'amateurs experts, Delbecque, Rakotopare, Luraschi, les sites de photographie animalière comme WILIPI et sa galerie de photos sont là pour ça).
Non, il s'agit plus modestement de rappeler, si besoin, quelques points clefs avec leur adaptation à la photo de safari.
Quels sont les paramètres d'une bonne photo animalière ?
Je vais laisser la parole à bien plus qualifié que moi, à savoir Tony Crocetta, dans l'interview de lui que j'ai commise pour un ancien site animalier et que l'on peut retrouver dans son intégralité sur WILIPI :
Septième question - Tu es un juge sévère de tes photos et de celles des autres. Qu’est-ce qu’il faut sur une photo pour qu’elle soit bonne à tes yeux ?
Tony - C’est difficile à dire, de donner des généralités ; tant de paramètres comptent pour qu’une image se démarque : mise au point, piqué, lumière, cadrage, sujet, comportement, fond, éléments parasites, choix de la focale, distance de prise de vue, profondeur de champ, rendu de la vitesse… Mixe tout ça et tu obtiens une infinité de variations qui fait que chaque photo est unique. Disons que j’aime bien les images avec juste un sujet et un fond dépouillé, un sujet que l’œil analyse puis reconnaît immédiatement et qui ne se déconcentre pas attiré par divers éléments parasites comme des branches ou un autre animal noyé dans le flou par exemple. Bien sûr, la qualité de la lumière est le constituant principal : sans elle, difficile de faire de belles images.
Tony dans son camp à Masai Mara
Tony organise assez régulièrement des stages photo dans son camp de Masai Mara.
Grandissement, choix de l'objectif, téléobjectif...
Les sujets sont souvent loin. Les portraits d'animaux sont l'épreuve imposée de la photo de safari. On comprend donc tout l'intérêt d'un téléobjectif, si l'on se rappelle que le grandissement (la taille du zèbre sur la pellicule ou le capteur par rapport à sa taille dans le bush) est proportionnel à la focale (un télé "grossit" plus qu'un grand angle) et inversement à la distance (vu de 200 m le lion sera tout petit, petit sur la photo, alors que s'il est contre le pneu du 4x4, on peut faire un gros plan de la pupille du minet). La situation est un peu différente si le hors piste possible, puisque l'on peut alors s'approcher jusqu'à la limite imposée pour garantir la tranquillité des animaux (généralement 20 m, mais en fait la plupart des grands félins ne sont pas gênés par une proximité plus grande, dans la mesure où ils ne sont ni acculés ni encerclés et gardent la possibilité de s'éclipser).
La lumière, l'essence de la photo et safari du midi
La compétence d'un très bon chauffeur de safari comme notre ami Ally ne s'arrête pas au repérage des animaux, où ils excellent généralement, mais aussi au positionnement du véhicule en fonction de la lumière et de l'angle de prise de vue désiré. La photographie, écriture avec et par la lumière, est dépendante en premier lieu de celle-ci. Il est classique de dire que les bonnes photos de safari se font au lever du soleil (et avant) et au crépuscule, quand la lumière chaude et rasante met au mieux en valeur nos sujets. Je ne dirai évidemment pas le contraire, mais même avec la lumière dure et écrasante pour les reliefs du midi, je pense qu'il est dommage de négliger ces heures où l'affluence des copains safaristes est moindre, où un coin d'ombre peut abriter une scène intéressante, où un orage soudain peut changer en quelques instants une lumière sans intérêt en lumière dramatique à souhait. Au cas où cela ne serait pas clair, je suis pour le safari de 6h (et même plus tôt si le règlement le permet) à 18h30 non-stop ! Un photographe professionnel qui est sur place 3 mois ou plus par an, qui y travaille 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, et qui vit de la vente de ses photos aura, et c'est normal, un point de vue bien différent, mais en tant que modeste amateur en trop court safari, nous ne pouvons faire les difficiles !
Qui a la plus grosse (focale, œuf corse) ?
Point de vue et composition, l'autre essence de la photo
Si l'on excepte la lumière et si l'on suppose que les conditions techniques sont correctes, mise au point et exposition, choix de la vitesse et du diaphragme appropriés, c'est une quasi tautologie de dire que tout dans une photo dépend de l'endroit d'où elle est prise, le point de vue, et de ce qu'elle contient, la composition.
Point de vue
Le point de vue en game-drive (safari en voiture) est souvent obligé. Le positionnement du véhicule va dépendre de la présence éventuelle d'autres véhicules, de l'obligation fréquente de ne pas quitter la piste, de la nécessité de conserver la distance souhaitable pour ne pas perturber les animaux. S'y ajoute souvent la présence dans le véhicule d'autres photographes qu'il ne faut pas gêner. Il faut donc faire avec son positionnement imposé et profiter de la faible latitude qui est souvent laissée pour choisir le point de vue qui offrira la meilleure photographie. Avoir un œil ou les deux yeux visibles, éviter les vues par l'arrière, plongée contre plongée, obtenir des vues de plein profil ou de face, c'est généralement ce qu'il faut privilégier.
Le point de vue n'est pas seulement horizontal, il est aussi vertical, la photo peut être prise vers le bas, en plongée, un lion couché près du véhicule, ou vers le haut, en contre-plongée, un oiseau sur une branche haute. La plongée peut accentuer l'impression de fragilité d'un bébé guépard, qui semblera écrasé par son environnement, comme la contre-plongée peut mettre en valeur le côté dominant d'un rapace. Mais, d'une manière générale, on s'appliquera à éviter l'une comme l'autre, particulièrement la plongée qui écrase l'animal. Corollaire, les photos de près d'un animal au sol se feront plutôt en étant assis, en appui sur la fenêtre du 4x4 si l'on peut, les photos d'oiseaux en hauteur, les têtes de girafe... se feront plutôt debout, en appui sur le bord du toit. Quand on peut descendre de voiture, la position accroupie peut donner des photos de safari moins banales, mais il ne faut pas négliger un élément clef du safari, la prudence, un lion, un buffle, même un crocodile sont capables de vitesse et d'accélération assez étonnantes...
Cadrage
Le cadrage dépend du point de vue (il se resserre quand on s'approche) et, à point de vue égal, de la focale utilisée, les télés cadrent d'autant plus serrés qu'ils sont longs en focale, les grands-angles comme leur nom l'indique cadrent d'autant plus large que leur focale est courte... Le zoom permet de cadrer plus ou moins serré sans bouger. Sinon, si la focale ne change pas, c'est l'éloignement du sujet qui jouera.
Il faut soigner le cadrage. Notamment il vaut mieux faire attention de ne pas couper les extrémités, bout de queue, oreilles, voire moustaches... Un cadrage trop serré peut "étouffer" le sujet, un cadrage trop lâche le noyer dans le décor... Un fond flou peut faire ressortir au mieux un portrait. Le regard du sujet ne doit pas buter dans le cadre, il faut lui laisser un espace suffisant, sauf recherche d'un effet d'enfermement.
Composition
La composition, ce qui est dans la photo, dépend du cadrage, du point de vue qui influe sur la disposition des éléments dans le cadre, et de la perspective, rapport des différents éléments de la photo entre eux selon les plans. On peut ajouter la profondeur de champ, PDCn qui peut inclure ou exclure des éléments selon qu'elle est faible ou forte, il suffit de penser à ces photos derrière une grille ou un grillage qui ne se voient pas sur la photo quand la PDC est faible. La profondeur de champ peut et doit être utilisée comme un des éléments constitutifs de la photographie.
La composition doit mettre en valeur le sujet principal, l'œil doit tout de suite comprendre ce qui est important dans la photo, le fouillis est à éviter.
Ce dont on ne peut douter, c'est que l'image comporte des points forts, sur lesquels les éléments importants de la photo gagnent à être placés, ces quatre points forts se trouvent à l'intersection des lignes verticales et horizontales qui divisent la photo en 3. Sauf effet de portrait (voir la Joconde et tutti quanti), le sujet principal ne sera pas placé au centre de la photo mais au tiers horizontal, de préférence le tiers gauche et regardant vers la droite pour un portrait en tête. Pour les photos comportant des éléments horizontaux comme horizon, ciel, on s'appliquera à les placer au 1/3 ou au 2/3 de la verticale, pas à la moitié, c'est la fameuse règle des tiers, dont l'on peut parfois se ficher comme du quart, mais qu'il faut connaître, ne serait-ce que pour la transgresser en toute connaissance de cause. En effet, notre oeil ne "lit" pas les photos en bloc, il existe un sens de lecture qui est classiquement décrit comme allant de la gauche vers la droite et du haut vers le bas, en zigzags si la photo est assez grande. Une photographie qui correspond à ce sens de lecture serait plus appréciée. Il est à remarquer que seuls les occidentaux lisent de gauche à droite... Des lignes obliques dans le sens de lecture sont un bon point de la composition.
Paramètres de prise de vue
En dehors du choix de l'objectif (ou de la focale pour un zoom), d'autres facteurs de réglage de l'appareil influent sur le résultat esthétique de la photo. On a vu que la profondeur de champ (pdc) pouvait jouer un rôle dans la composition, or elle dépend du diaphragme employé, plus il est fermé, plus la pdc est importante.
Des effets artistiques évoquant le grain d'une pellicule peuvent résulter du bruit lié à l'emploi volontaire d'une très haute sensibilité ISO, même s'il faut éviter le bruit chromatique qui se traduit par des taches colorées et est peu esthétique.
Une vitesse importante peut figer éclaboussures, insectes, alors qu'une vitesse lente sera exploitée pour obtenir un effet de filé, l'appareil bougeant en suivant le mouvement de l'animal, celui-ci sera à peu près net sur un fond flou "filé".
Le réglage de la balance des blancs peut privilégier les tons chauds (vers les jaunes, température de couleur élevée) ou froids (vers les bleus, température de couleur basse en dessous de 4000 K).
Enfin, une sous-exposition volontaire évitera de "cramer" les plumes ou poils blancs, a contrario une surexposition mettra en valeur des nuances dans un plumage ou un pelage noir.
Vertical ou horizontal
La facilité pousse à utiliser l'appareil photo de la manière la plus simple qui soit, c'est à dire horizontalement. Il ne faut pourtant pas attendre d'avoir une girafe à cadrer pour se rendre compte que souvent, un cadrage vertical s'impose ! Cependant, il faut bien être conscient que les photos verticales sont d'une exploitation délicate dans les galeries et diaporamas.
Utilitaires Web et Internet
Une fois revenus, vous voudrez bien sûr classer vos photos numériques, en faire des catalogues, les indexer, les traiter etc. Les utilitaires fournis par les fabricants d'appareils suffisent pour les opérations de base, voire un peu plus (ou beaucoup plus, cf. Nikon Capture). Pour aller plus loin, classement, catalogue, traitement, nous n'avons pas trouvé mieux que Lightroom Classic (après avoir utilisé ACD See, iView Media pro et Expression Media), aidé parfois de DxO Optics ou plus rarement de Photoshop CC.