Photographier les oiseaux

martin 13Partir en safari en Tanzanie, au Kenya pour photographier des oiseaux africains ? Drôle d'idée ! Quelle idée ! Pourquoi ? Où ? Lesquels ? Comment ?
On partait en Tanzanie, au Kenya, en Afrique du Sud, du temps des Selous, Roosevelt, Huston, Hemingway, Giscard (de l'Académie française) et autres tueurs, pour chasser et tuer les "Big five", les 5 "grands", l'éléphant, le rhinocéros, le buffle, le lion et le léopard et en rapporter les preuves en chair et en os, euh en peau et en cornes/défense/crocs.

heron pourpre 1932 95710Mais la taille des appartements modernes s'est fortement réduite, on ne trouve plus de domestiques, de porteurs non plus, les trophées seraient trop serrés et trop poussiéreux. Pourtant, Dieu sait que ça avait de la gueule une tête d'éléphant naturalisée dans la salle à manger. Et puis les défenses étaient si pratiques pour accrocher son chapeau ! Mais il est vrai que l'on ne porte plus guère le chapeau, expliquez-moi donc comment saluer les dames avec civilité... O tempora, o mores ! quelle décadence !

Donc exit la chasse pour tuer et rapporter de si beaux massacres, trompes, défenses, cornes, etc. Nous avons remplacé les tromblons de nos prédécesseurs par nos canonikolta et leur tas de lentilles plus ou moins phalliquement empilées, les photos de nos victimes prennent moins de places dans nos livingues anémiques et sont plus faciles à entretenir, même sans personnel qualifié (mais ça ne dit toujours pas comment accrocher son chapeau à un cadre de manière pratique et fiable, où sont donc les bons conseils de CI sur ce sujet crucial, on roupille, Messieurs de la Rédaction ?).

Le guide Gallimard, guide par ailleurs tout à fait recommandable, se trompe, qui prétend que le big five photo est le même que celui des chasseurs. Mais qu'attendre en photo d'un guide qui parle d'ASA et non d'ISO ?

Donc nos cibles ont changé. Le buffle avait surtout un intérêt cynégétique, du fait de sa dangerosité (et de ses cornes bien pratiques en trophée pour accrocher les chapeaux). Sa fréquence et ses attitudes souvent passives (si elles deviennent trop actives, accrochez-vous et comptez vos abattis) en font une cible bien moins recherchée du chasseur photographe. Notre big five de touriste en safari photo comprend toujours l'éléphant, le rhino devenu si rare (on se demande pourquoi, quel dommage, sa corne était si pratique pour ... etc.), le lion, banal mais spectaculaire et le léopard moins banal et souvent moins spectaculaire (photographié par un amateur, perché sur son arbre, le léopard, pas l'amateur, et en train de faire la sieste pour se reposer avant le sommeil postprandial que lui procurera la proie perchée à côté de lui, une bonne raison pour l'amateur de ne pas se percher dans l'arbre) mais le buffle a été remplacé par le guépard.

Ajoutons-y une hyène (O ma Chère, mon Dieu, que c'est laid ! et toi, tu t'es vue ?), quelques girafes-zèbres-hippopotames et divers bovidés, gnous, antilopes et assimilés et c'est souvent à cela que se résume la soirée photo retour du Kenya chez votre beau-frère. OK, quelques flamants roses et pélicans, des pintades, un marabout et des vautours, voire un aigle perché pris à contre-jour peuvent trouver leur place dans le programme, ainsi qu'un croco (pas sur un polo, c'est risqué à la douane, en plus ça déteint souvent).

Mais souvent les oiseaux de taille inférieure à la pintade sont négligés. Je parle évidemment du touriste lambda, pas du photographe averti, bien sûr. Quoique. Faisons notre examen de conscience. N'avons-nous pas lu dans les conseils avant départ des recommandations de 70-200 ou de 300 mm nettement insuffisants (même avec multiplicateur) pour shooter nos petits volatiles africains, s'ils suffisent au gros gibier du big five (encore que trop fort n'a jamais manqué) ?

D'expérience, les chauffeurs-guides n'attireront pas forcément votre attention sur la gent aviaire si vous ne manifestez pas votre intérêt pour elle, et c'est logique. J'ai entendu de nombreuses fois, au Kenya et en Tanzanie, l'étonnement manifesté devant l'attention portée par des Français (nous, ma blonde et moi) aux petits oiseaux, ce qui d'après nos interlocuteurs n'arrive (presque) jamais. Ça prouve bien que nous négligeons parfois la gent aviaire et c'est dommage.

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Pourquoi photographier des oiseaux en Tanzanie ?

Parce que c'est beau ! (et, il ne faut pas croire Chaval, pas si con qu'il l'a dit - et dessiné)

Parce que c'est majestueux - ou drôle - ou bizarre ou mignon, ou tout ça à la fois.

Parce qu'il y en a partout, beaucoup, de toutes les couleurs, de toutes les tailles, on ne peut pas les rater !

Parce que ça sort des sentiers battus ! Je donnerais 5 photos bateaux de lion pour une toute bête de rollier sur sa branche !

Parce que notre oeil n'est pas encore blasé devant ces magnifiques petites boules de plumes comme il pourrait l'être devant des lions ou des éléphants dont l'image est omniprésente, utilisée par la pub, les jeux, les films.

Parce que c'est rentable !

Eh oui, photographiez aussi les oiseaux en Tanzanie, et si vous pouvez le faire avec votre objectif acheté pour, disons un 400 (ou plus !) et son multiplicateur, vous obtiendrez une rentabilisation à 300 % de votre safari-photo ! Plus de temps mort, une activité photo quasi permanente avec et des satisfactions faciles (un rollier, un guêpier, un jabiru, un aigle, un tisserin quelconque, c'est drôlement beau, c'est fréquent - le jabiru un peu moins - et ce n'est pas difficile à photographier) et des joies rares, dues à la performance et/ou à la chance, la photo réussie d'un barbican (je n'en ai pas beaucoup, de réussies), d'une chouette (même remarque), du vol d'une grue (idem). Sans compter que votre vrai télé vous sera utile pour les autres bestioles plus grosses !
Maintenant, si vous ne disposez que d'un 200 ou 300 mm, cela veut-il dire que toute photo d'oiseau tanzanien vous est refusée ? Mais pas du tout, tous les gros peu farouches (vautours en train de bâfrer, cigognes diverses) ou petits pas farouches non plus (starlings, tisserins) vous tendent les ailes. Et puis, les multiplicateurs, c'est pas fait pour les chiens ! Mais pour les oiseaux, si !
Mais, bien sûr, si vous êtes assez raisonnable pour commettre la folie de m'écouter et de vous acheter un 400 (500 ? 600 ??? une folie, je vous ai dit !), cette largesse vous permettra d'élargir largement votre latitude (sic) d'action. À vous les tout petits, les sauvages, ceux qui restent loin (dans les parcs, on n'a pas le droit de descendre de voiture).

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Parce que ça occupe pendant mais aussi après ! Dans tous les cas, vous aurez le plaisir à votre retour de classer votre butin, et, plus ou moins bien aidé du ou des livres étudiés pour, d'identifier les petits copains célestes. Je me permets de vous conseiller oiseaux.net (où ma blonde a placé près de 2000 photos des 1500 espèces de piafous que nous avons plus ou moins bien photographiées). Vous repérerez vos manques, ceux que vous n'avez pas vus ou pas pris, ou ceux que vous n'avez que de loin, ou tout flous, et cela vous donnera une (bonne) raison supplémentaire, s'il en fallait, pour bien préparer votre prochain safari en Tanzanie. Les joies de la collection de timbres alliées à celles de la photo de nature, c'est-y pas beau ?

Où photographier des oiseaux tanzaniens ou kenyans (ou ailleurs en safari africain) ?

Où ? Mais partout, en safari, en marche, à l'arrêt, aux étapes.

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Dans les jardins des lodges, où souvent des bains d'oiseaux et/ou des petites collations sont offerts à nos amis ailés, vous trouvez couramment étourneaux, tisserins, pies, tourterelles, moineaux divers, hirondelles, assez souvent souimangas et parfois des huppes, des pics, des martins-chasseurs. Les hirondelles et autres espèces assoiffées viennent se ravitailler dans les piscines. Les tables des restaurants en terrasse sont fréquentées par une nuée ailée de petits pique-assiettes sans vergogne. Le bord des pistes vous offre barbus, inséparables, martins, guêpiers, les cimes des arbres sont fréquentées par les rapaces, l'aigle ravisseur, les vautours, mais aussi par des hérons, des marabouts, des touracos, des calaos.

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Les vols des vautours vous signalent également les butins des grands carnivores et peuvent vous permettre d'assister aux repas des fauves. Quand ils ne sont pas dans des arbres, le haut des buissons sert de perchoir aux milans, autours, buses et faucons. Le bord des rivières et des lacs, les marais, vous donnent leur lot (et c'est le gros lot !) d'échassiers, cigognes et autres oiseaux d'eau. Ne négligez pas toutes les piscines à hippo où vous êtes forcément conduits par votre guide. Les savanes sont infatigablement arpentées par les outardes des différentes espèces, qui s'approchent parfois très près des véhicules, et par les serpentaires, les hérons mélanocéphales, les bucorves. Des bandes de pintades passent bêtement devant votre 4x4, quand celui-ci s'arrête les vanneaux viennent pédestrement presque le toucher. L'horizon lointain comme les proches abords sont emplumés de troupeaux d'autruches. Les milans du Ngorongoro viendront vous arracher des mains (ou, danger ! de la bouche) la cuisse de poulet fumé qui constitue la base indispensable de tout bon (euh...) pique-nique en safari dans le cratère-8ème merveille du monde...

 Quels oiseaux tanzaniens ou kenyans photographier ?

La Tanzanie est le paradis du chasseur d'images "ornithologue", qu'il soit débutant, confirmé ou expert chevronné. Contre bien moins de 600 espèces d'oiseaux en France, on en compte en Tanzanie plus de 1100, dont 27 espèces endémiques, du plus courant qui n'est pas toujours le moins beau au plus rare, vu une fois tous les 3-4 ans. La plupart des lodges mettent à disposition des listes de capture visuelle. Pour les débutants, même avec des téléobjectifs ou zooms de focale 200 ou 300 mm, il y a des photos immanquables et parfois spectaculaires à faire :

  • les étourneaux dont certains sont colorés de manière éclatante (Choucador superbe, Lamprotornis superbus, et consorts) et d'autres ont un plumage aussi superbe mais tout en camaïeu,
    - les différents tisserins, au nid ou non,
    - les marabouts jamais loin des points d'eau, des charognes
    - les vautours présents en nombre autour des charognes et restes de repas,
    - tous les pique-boeufs et les buphages des ongulés,
    - les aigles en affût sur un arbre mort, style piquet
    - les flamants des lacs salés, Natron, Nakuru, Bogoria, etc.
    - les guêpiers (bee-eaters) qui ont la courtoisie de revenir sur leur branche au même endroit entre 2 captures, en mettant au point sur leur poste, on peut se passer d'AF,
  • guepier d europe 0701 95709- les martins-chasseurs qui prennent la pose très complaisamment,

- les oiseaux des jardins des lodges attirés par l'humidité des arrosages de pelouses et/ou plantations et souvent "apprivoisés" à la présence humaine, parfois même nourris par le lodge, ainsi les oiseaux d'Olduvai en Tanzanie du Nord, près du cratère du Ngorongoro sont attirés par une tranche de pain posée à leur intention près de la buvette du coin !

- évidemment les flamants, nains et roses, (et si affinités les pélicans) sur les lacs

- sans oublier, dans les divers "hippo-pools" toute la faune ailée commensale, des différentes aigrettes aux hérons, gris, cendré, mélanocéphale, crabier, en passant par les jacanas, spatules, avocettes, canards, ouettes.

Tiens, la prochaine fois, je vous parlerai des otocyons, chacals, damans, tortues, pythons, écureuils, mangoustes, dik-diks de Kirk et autres varans, eux aussi trop négligés.

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Et ici, et nulle part ailleurs, nos photos d'oiseaux de Tanzanie (avec quelques piafous du Kenya, Botswana, Zimbabwe, Sénégal...)

Et là, sur Wilipi, photos d'oiseaux en vol